Depuis le début de nos investigations en RSP, nous avons observé qu’un certain nombre de programmes « comportementaux » avaient pour origine la période intra-utérine. En février 2015, la revue Nature a publié la première carte de l’épigénome humain, conclusion de nombreuses données émanant d’une vingtaine d’études réalisées par des chercheurs participant au programme Epigemonics.

L’épigénétique – du grec ancien épi et génétique (au-dessus du gène) – s’intéresse à une couche d’informations complémentaires responsable des modifications d’expression des gènes. Ces derniers peuvent être amenés à exprimer une autre partition que celle qui est imprimée dans leur matrice. Et pourtant, il n’y a aucune modification de la séquence d’ADN qui reste immuable.

Modification de l’expression du gène par des groupes méthyles

La communauté scientifique s’accorde sur le fait que la grossesse est une période propice aux modifications épigénétiques. Au sein de l’embryon, les cellules, au départ toutes identiques, vont rapidement recevoir des signaux les conduisant à activer ou inactiver certains de leurs gènes. Ainsi, le fœtus absorbe, sous forme de programmes, toutes les tensions de son environnement qui s’exprimeront plus tard par des problèmes de santé – somatisation, comportement – lors de leur réactivation.

C’est ce que nous constatons avec la RSP depuis de nombreuses années au cours de nos recherches et de nos observations. Pendant cette période, le fœtus enregistre tout ce que ressent sa maman ainsi que celui de son environnement filtré par elle. Ces informations sont a-conscientes et chaque fois que l’individu se trouvera dans une situation répondant à celles enregistrées, il activera le programme adéquate avec pour conséquence, le même comportement.

En RSP, nous avons pu mettre en exergue le cycle de démarrage qui trouve son origine au début de la conception et peut être réactivé à la naissance (naissance au monde extérieur), à six sept ans (prise de conscience du Moi), à la puberté (prise de conscience de l’Autre sexué), à la procréation, à la ménopause ou l’andropause. Il convient d’en identifier son origine, de décoder son mécanisme et de proposer au patient des pistes pour s’approprier et mettre en place un programme bénéfique.

Des études épidémiologiques suggèrent l’existence de liens entre diverses expositions au cours de la vie intra-utérine et la survenue de maladies chroniques à l’âge adulte. Des incertitudes subsistent autour des processus impliqués, mais les chercheurs sont désormais largement persuadés que des anomalies épigénétiques contribuent au développement et à la progression de maladies tels que les cancers, les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, sclérose latérale amyotrophique…), métaboliques (obésité, diabète de type 2…) ou le vieillissement.

La récente mise en lumière de ces moyens épigénétiques est essentielle car elle démontre combien notre comportement quotidien agit sur l’expression de nos gènes. La cellule reçoit en permanence une multitude de signaux ayant trait à cet environnement qui l’incitent à se spécialiser ou à ajuster son activité à la situation.

 « Il n’y a pas que le code génétique qui puisse influencer la maladie » souligne William Cockson, médecin génomique, professeur de l’Imperial College de Londres. Il estime que « la manière dont les gènes sont lus » pourrait jouer un rôle « encore bien plus important ».