Tous les programmes, bénéfiques et perturbateurs, s’impriment dans nos mémoires tout au long de notre existence en fonction de nos expériences et de leur intensité.

Freud avance que, pour diminuer la souffrance d’une émotion trop forte, le mécanisme du refoulement se met en place. Mais les émotions ne meurent pas et se transforment en énergies qui cherchent à se manifester dès que l’occasion leur en est donnée. Erik Kandel, Prix Nobel de physique et de médecine en 2000, tend à valider cette approche. Un souvenir récent est le résultat d’un dopage synaptique obtenue par l’augmentation du nombre de molécules excitatrices.

La mémoire à long terme dispose d’un mécanisme beaucoup plus puissant qui évolue en trois temps. Le premier est lencodage, celui du traitement de l’information pour en faire un véritable souvenir en lui apposant une date, un lieu de déroulement.

Le deuxième est celui du stockagequi permet de conserver l’information. Les neurones impliqués déclenchent l’activité de certains gènes et fabriquent ainsi de nouvelles synapses. Comme un seul de ces neurones peut en former plus de mille, il est aisé de comprendre la consolidation des souvenirs durables. Cette mémoire est élective et spécifique et chaque type de souvenir est stocké en des lieux différents. Ceux de la mémoire inconsciente sont fixés dans les régions les plus profondes du cervelet contrairement à ceux de la mémoire consciente qui se situent dans l’hippocampe, dans les profondeurs du lobe temporal.

Le troisième temps est celui de la restitution du souvenir. En temps normal, une molécule inhibe le gène et réprime son expression. Lors de l’émission d’un signal assez fort et spécifique au type de souvenir stocké, la molécule inhibitrice est écartée et libère une partie ou l’ensemble des synapses en relation. C’est alors qu’apparait une réaction somatique ou comportementale qui, prenant en compte l’ensemble des informations refoulées, se trouve être bien supérieure à celle causée par le dernier événement. Une fois constitués, les souvenirs peuvent être rappelés à la conscience et stockés dans les régions spécialisées du cortex (visuel pour les souvenirs visuels…).