Nous avons imprimé, depuis la période intra-utérine, des programmes que la RSP est en mesure d’identifier. Certains sont positifs et bénéfiques, d’autres au contraire négatifs et perturbateurs. Les uns et les autres sont stockés dans une multitude de synapses et inhibés par une molécule codée.

241 – l’épigénétique

Au début des années 2000, en avançant dans nos observations et nos recherches en RSP, nous pensions que des programmes pouvaient être enregistrés dès les premiers mois de conception. Cette approche a été validée en février 2015 quand la revue scientifique Nature publie la première carte de l’épigénome humain. Elle est la conclusion d’un ensemble de données émanant d’une vingtaine d’études réalisées par des chercheurs participants au programme Epigemonics. Après avoir séquencé le génome humain qui reste globalement identique tout au long de la vie, les scientifiques ont voulu comprendre comment l’activation des gènes pouvait être influencée par notre mode alimentaire et notre environnement.

L’épigénétique – du grec ancien épi (au-dessus du gène) et génétique – s’intéresse à une couche d’informations complémentaires responsable des modifications d’expression des gènes. Ces derniers peuvent être amenés à exprimer une autre partition que celle qui est imprimée dans leur matrice. Et pourtant, il n’y a pour autant aucune modification de la séquence d’ADN qui, elle, reste immuable.

« On peut sans doute comparer la distinction entre la génétique et l’épigénétique à la différence entre l’écriture d’un livre et sa lecture. Une fois que le livre est écrit, le texte (les gènes ou l’information stockée sous forme d’ADN) sera le même dans tous les exemplaires distribués au public. Cependant, chaque lecteur aura une interprétation légèrement différente de l’histoire, qui suscitera en lui des émotions et des projections personnelles au fil des chapitres » écrit Joël de Rosnay en 2011 dans « la symphonie du vivant » (Edition les liens qui libèrent – 2018).

La récente mise en lumière de ces moyens épigénétiques d’adaptation d’une espèce à son environnement est essentielle car elle démontre combien notre comportement quotidien agit sur l’expression de nos gènes. La cellule reçoit en permanence une multitude de signaux ayant trait à cet environnement – alimentation, tabagisme, stress, plaisir, famille, équilibre physique, émotions… – qui l’incitent à se spécialiser ou à ajuster son activité à la situation.

La modification de l’expression des gènes par l’épigénétique permet d’expliquer le modificatione de comportement observées en RSP.

Contrairement à ce qu’annonçaient Crick et Watson, les découvreurs de la structure de l’ADN, le chemin suivi ne va pas forcément du noyau vers la cellule. Il peut être aussi parcouru en sens inverse : des molécules d’ARN circulent dans le corps en permanence et concourent à la production de petites molécules qui vont s’accrocher à des enzymes. Ces informations – des groupes méthyles – s’impriment sur les histones – gaine de protéines qui entoure l’ADN – et modifient notre comportement.

Des dizaines de milliers de modifications chimiques régulant l’expression des gènes ont été recensées. Un groupe méthyle se fixant sur les histones peut entrainer la fermeture de l’ADN qui empêchera l’expression génétique. L’ouverture des histones, au contraire, permet à ce dernier de reconnaitre ces nouvelles informations, de les transcrire en ARN messager qui, à son tour, permettra de fabriquer des protéines et des enzymes porteuses de ces nouvelles données

La communauté scientifique s’accorde sur le fait que la grossesse est une période propice aux modifications épigénétiques. Au sein de l’embryon, les cellules sont au départ toutes identiques. Elles vont rapidement recevoir des signaux très orchestrés les conduisant à activer ou inactiver certains de leurs gènes. En se différenciant en tel ou tel lignée cellulaire, elles construisent l’organisme, ce qui fait dire au Docteur S. Dayan, un éminent chercheur américain, que « la grossesse revivifie les conflits et les difficultés majeures de l’enfance longtemps tenus à l’écart de la conscience ». Ainsi, le fœtus absorbe, sous forme de programmes, toutes les tensions de son environnement qui s’exprimeront plus tard par des problèmes de santé – somatisation, comportement – lors de leur réactivation. C’est ce que nous constatons en RSP depuis de nombreuses années au cours de nos recherches et de nos observations.

Des études épidémiologiques suggèrent l’existence de liens entre diverses expositions au cours de la vie intra-utérine et la survenue de maladies chroniques à l’âge adulte. De nombreuses incertitudes subsistent autour des processus impliqués, mais les chercheurs sont désormais largement persuadés que des anomalies épigénétiques contribuent au développement et à la progression de maladies tels que les cancers, les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, sclérose latérale amyotrophique, Huntington…), métaboliques (obésité, diabète de type 2…) ou le vieillissement.

L’altération des mécanismes de la division ou de la différenciation cellulaire peut transformer des cellules saines en cellules cancéreuses soit par des anomalies épigénétiques qui activent des oncogènes – gènes dont la surexpression favorise la cancérogenèse – soit par l’inhibition des gènes suppresseurs de tumeurs. De même, des mutations affectant des gènes codant pour les enzymes responsables des marquages épigénétiques ont été identifiées dans des cellules tumorales. Mais il est encore trop tôt pour savoir si ces phénomènes sont la cause ou la conséquence du développement de cancer. Ils semblent participer à la progression tumorale.

Il n’est pas vain de penser que dans les années futures, avec d’autres approches, comme celle des cellules souches, une palette thérapeutique élargie permettra de mieux gérer la santé.  « Il n’y a pas que le code génétique qui puisse influencer la maladie » souligne William Cockson médecin génomique, professeur de l’Imperial Collège de Londres. Avec Miriam Moffat, il a constitué un groupe de recherche consacré à la compréhension des causes génétiques de l’asthme. Il estime que « la manière dont les gènes sont lus » pourrait jouer un rôle « encore bien plus important ».

Quoiqu’il en soit, ils sont présents et lorsque nous devons faire face à une situation, ils sont réactivés. Chacune d’elle est spécifique et active le même code déclencheur qui entrainera toujours la même suite de stratégies pour aboutir au même résultat. C’est ainsi, qu’inconsciemment nous répétons les mêmes schémas. Le déclencheur n’est ni plus ni moins qu’un interrupteur qui se met en mode « on ». Il réagit à une résonance faisant écho à des expériences vécues dont la signification s’avère suffisamment importante pour que nous soyons ainsi remués. La notion d’analogie est incontournable. Elle se caractérise par une émotion simple ou plusieurs mixées, une même personne ou une même situation. C’est ainsi que l’activation d’un programme peut répondre à des cycles périodiques comme on les trouve en RSP.

La Médecine chinoise en a décrit une multitude. Prenons en exemple le cycle horaire qui se répète chaque jour à la même heure. Un de mes patients éprouvait quotidiennement en fin d’après-midi, à l’heure du rein, une douleur lombaire ce qui lui avait valu un arrêt de travail. Une lecture approfondie de sa radiographie révéla un calcul rénal. Une fois le programme identifié et assimilé par le patient – un sentiment d’impuissance à résoudre un problème familial – il put mettre à profit son arrêt de travail pour parfaire sa technique de ski, son médecin traitant n’abondant pas dans le sens du calcul et lui prolongeant l’arrêt !

D’autres périodes ont été mises en valeur comme le cycle mensuel, lié à la lune, et dont le cycle féminin en est la meilleure représentation. Le cycle saisonnier se répète chaque année à la même époque comme l’allergie qui surgit au printemps. Le cycle annuel, celui du soleil, se reproduit régulièrement à une date anniversaire. Il existe également des cycles plus longs, ceux que l’on retrouve en numérologie, les années sept se rapportant à des perturbations d’ordre spirituel et les années neuf à des fins de cycles… Enfin, la médecine chinoise définit celui de soixante ans en lien avec les interférences produites par les influences de la terre et du ciel et qui commande aux climats.

242 – le cycle de démarrage en RSP

Celui que nous retrouvons en RSP concerne le passage des étapes de la vie. La conception en est le point de départ, en fait la vraie naissance. Dès cette période, des informations-programmes s’impriment sur nos histones comme le pense la communauté scientifique qui s’accorde sur le fait que la grossesse est une période propice aux modifications épigénétiques. Au sein de l’embryon, les cellules qui, au départ sont toutes identiques, vont rapidement recevoir des signaux très orchestrés les conduisant à activer ou inactiver certains de leurs gènes. Saadi Khochbin, directeur de recherche à l’Institut Albert-Bonniot (CNRS) à Grenoble l’exprime : « une cellule embryonnaire en cours de différenciation est beaucoup plus sensible aux marques chimiques qu’une cellule adulte déjà différenciée. »

La naissance en est la deuxième étape, celle de sa relation avec le monde extérieur et conception perturbée peut rimer avec naissance difficile. Un nouveau palier à franchir se présente entre six et sept ans avec la prise de conscience du Moi et l’installation du schéma de culpabilité. C’est une période où, réactivant des programmes enfouis, l’enfant peut être amené à vivre une période difficile. La puberté est une nouvelle étape, la naissance de l’Autre qui n’est plus alors un être asexué. Il est aisé de comprendre qu’une conception en souffrance aura des répercussions sur cette période de la vie. Elle sera franchie avec plus ou moins de bonheur, les uns le faisant allègrement, les autres se renfermant au contraire sur eux-mêmes. La voix de l’adolescent mue, il devient homme pendant que la poitrine de la jeune fille apparaît, qu’elle devient femme.

Cet état va perdurer dans le temps et être réactivé au moment de la procréation. Les difficultés de sa propre conception peuvent resurgir à cette occasion. Un dernier palier reste à passer, celui de la ménopause ou de l’andropause. Comme les autres, il n’est plus possible de revenir en arrière mais celui-ci est irréversible. La procréation devient impossible et certains souffrent de n’avoir pas fait ce qu’ils auraient voulu faire. Ce peut être le temps des regrets et des remords de n’avoir pas eu les enfants souhaités. C’est une étape importante car elle va programmer la nouvelle tranche de vie qui s’ouvre à l’individu, celle de la sagesse, celle qui mène à la paix. Ci-dessous, voici la ligne de démarrage identifiée en RSP.

Tout au long de notre existence, chaque fois que nous nous trouvons dans une situation analogue à une plus ancienne, source de souffrances refoulées, nous activons et répétons les programmes enfouis. Avant de voir comment nous en libérer, nous allons en identifier les manifestations observées en RSP.